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Je m’intéresse au Corps dans son mode d’existence au sein de la société contemporaine, suivant des problématiques convergentes touchant à l’Esthétique, au Social et au Politique, qui sont issues d’expériences et d’observations concernant la relation du Pouvoir au Corps. J’explore la manière dont le Pouvoir, dans ses différentes formes et avec une pluralité d’objectifs, de techniques et d’outils, pénètre le Corps et établit, par un ensemble de codes et de normes, des modes de pensée du Corps et plus largement des modes d’existence, pour poser la question des effets du Pouvoir sur le Corps et l’Identité.
Ma recherche artistique se développe d’abord autour de l’identité corporelle dans un rapport à la matérialité du corps et par le biais de la relation entre le corps, l’espace et le temps. Cette orientation correspond à mes premières expérimentations du Corps en tant que médium au sein d’actions et de performances (2003-2006) dans lesquelles l’image photographique ou vidéographique intervient pour conserver des traces, brutes, puis dans une recherche de transversalité.
L’image contemporaine occidentale du corps devient aussi un terrain d’investigation, dans sa dimension normée et normative et à l’égard de ses caractéristiques du Symétrique, du Lisse et de l’Homogène, à partir desquelles je développe l’idée d’une évanescence de l’identité corporelle au sein d’un corpus d’oeuvres composé de vidéos, de projections et d’installations vidéographiques et sonores (2006-2009). Une partie de mon travail fait apparaître un corps homogénéisé qui résulte d’une pratique d’effacement des signes corporels distinctifs, un effacement directement appliqué sur le corps lui-même ou sur son image. Une autre partie de mon travail montre un corps mécanique, souvent fragmenté à l’image et dans l’espace. Celle-ci reflète un temps d’expérimentation de la spatialisation de l’Image, où le corps du spectateur devient un paramètre dans mon processus de création, de par ses dimensions, ses sens, ses limites physiques et sensibles ou lorsqu’il est pensé, au même titre que l’Image et le Son, à travers la question du mouvement.
Puis mes recherches s’orientent sur la Surveillance, aujourd’hui électronique, du point de vue de la relation toujours plus étroite entre le Corps et la Technologie et au regard de l’utilisation des data qui identifient le Corps, le localisent et le suivent dans l’espace et dans le temps. Je développe l’idée de Co-présence en tant que présence parallèle et simultanée du Corps dans l’espace virtuel, une présence numérique et électronique par nature, immatérielle et originellement imperceptible pour les sens humains. Mon intention artistique est de rendre perceptible cette coprésence aux spectateurs, faisant appel à la vue, à l’ouïe ou encore au toucher. Dans ce contexte, du protocole incorpore ma pratique. Je crée différents types de règles, photographiques, mathématiques, temporelles, technologiques..., pour donner forme à des performances, des installations et dispositifs interactifs vidéographiques et/ou sonores, des séries de photographies et de compositions numériques (2009....).
Mon travail actuel (2016/--) pose la question du Genre dans son assignation identitaire et explore la transmission de ses normes dans notre Histoire et dans notre Culture. La production normée et normative d’une identité sociale en fonction du référent sexe biologique m’amène, d’une part, à parler d’une identité « au féminin » et d’une identité « au masculin » pour associer le processus de fabrication avec l’enjeu de mise en conformité et ainsi accentuer cette dimension politique dans la construction de l’Identité. D’autre part, elle axe ma pratique sur la question de l’écart dans son potentiel à la fois d’éloignement des normes et d’une ouverture vers d’autres possibles. Cet écart prend forme dans l’espace par le geste, par le mouvement du corps. J’utilise particulièrement la Photographie, la Vidéo et la Performance dans lesquelles j’incorpore de l’écrit. Cet écrit, qui peut se fonder sur des essais, des notions et des expressions, comporte des caractéristiques artistiques et théoriques. Il intervient comme partie intégrante, devenant parfois image. Ensemble, Corps en action et Texte interagissent pour révéler les cadres et leurs limites et pour poser la question des possibilités de distanciation.
Laurie Joly
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My work investigates the Body in its existence in the contemporary society, according to different and convergent questions in the Aesthetic, Social and Political fields which come from experiences and observations about the relationship of the Power to the Body. I explore how the Power, in its different forms and with a plurality of objectives, techniques and tools, penetrates the Body and establishes, by a set of codes and norms, modes of perception of the Body and modes of existence, in order to question the effects of the Power on the Body and Identity.
I am interested first in the corporeal identity which I approach in a relation to the materiality of the body and according to the relationship body/space/time. This part forms my first experimentations of the Body as an artistical medium within actions and performances (2003-2006) in which the photographic or videographic image takes part as raw records, and then in a research of transversality.
I focuse on the Western Contemporary Image of the Body from the point of view of its standardized and normative dimension. Face to its main characteristics, Symmetry, Smooth and Homogeneity, I develop the idea of an evanescence of the corporeal identity in a series of videos, videographic and sound projections and videographic and sound installations (2006-2009). A part of my work shows a homogenized body which results from an erasure practice of its distinctive signs and marks, an erasure directly applied on the body itself or on its image. Another part of my work presents a mechanical body, often fragmented in the image and in space. It corresponds to an experimentation time of the spatialisation of the Image. The body of the spectator becomes a parameter in my art process in relation to its dimensions, its senses, its physical and sensitive limits. It is also thought, as well as Image and Sound, through the question of movement.
Then, I question the Surveillance, today electronic, from the point of view of the very close relationship between the Body and the Technology and with regard to the use of data which identify the Body, locate and track it in space and time. I develop the idea of the Co-presence as a parallel and simultaneous presence of the body in virtual space, a numerical and electronic presence in its nature, immaterial and originally imperceptible for the human senses. Here, my artistic intention is to give perceptible the co-presence to the spectators, through sight, hearing or touch. In this context, protocol incorporates my artistic practice. I create different types of rules, photographic, mathematical, temporal, technological..., from which I give shape to performances, (interactive) video and/or sound installation, series of photographs and digital compositions (2009....).
My current work (2016/--) questions the Gender in its identity assignment and the modes of transmission of its norms in our History and our Culture. The normative and standardised production of a social identity according to the biological sex brings me, on the one hand, to speak of an identity « on feminine » and an identity « on masculine », in order to associate the process of production with the issue of conformity, and thus to accentuate the political dimension in the construction of identity. On the other hand, it focuses my art practice on the question of the deviation which enables to take distance from norms and creates other possibilities. The deviation takes shape in space through gesture, movement of body. I especially use Photography, Video and Performance, in which I incorporate text. Thoose texts can be based on essays, notions and expressions. They has both artistic and theoretical characteristics and they intervene as an integral part of my work, sometimes becoming an image. Together, Body in Action and Text interact to reveal frameworks and their limits, and to question of the possibilities of detachment.
Laurie Joly